Chacun s’accorde à reconnaître que la destruction des systèmes vivants a des conséquences sociales désastreuses, que nous constatons dés aujourd’hui. Les grandes conférences internationales, auxquelles participent aussi le monde économique, ne cessent de proclamer l’état d’urgence et cherchent des solutions pour la destination universelle des biens de la terre.
Aujourd’hui, si tout le monde est en général acquis à la nécessité d’agir, seules deux grandes idées sont professées : la décroissance ou l’économie verte.
Aucune des deux n’aborde cependant la réalité, car elles ne cherchent pas à changer le modèle, mais simplement à en atténuer ses effets, comme s’il suffisait de quelques réglages pour résoudre un problème de cette dimension. Les deux théories sont identiques dans leur fondement, restant sur le même modèle de société où la toute puissance de la raison humaine permet d’ordonner le monde. Ce ne sont pas des solutions systémiques : elles ne proposent pas d’autre système.
Il est évident que la croissance a des limites et qu’il faudra sans doute diminuer le prélèvement des ressources, et aussi, par des technologies innovantes, atténuer les effets de l’activité humaine sur la biosphère. Mais ce ne sont que des outils, et non des solutions globales. Il est indispensable de chercher une vision beaucoup plus systémique – dans laquelle ces outils auront très certainement chacun une raison d’être – mais nous devons cesser de les considérer comme une solution certaine à notre problème actuel.
Il est en effet illusoire d’espérer contraindre les systèmes vivants à des logiques humaines. Elle existe depuis des milliards d’année, et aura toujours sa dynamique propre. L’adaptation indispensable de l’humanité dans les logiques naturelles n’est pas un principe philosophique, mais une nécessité biologique : la Vie n’est pas un matériau. Nous en sommes dépendants, et même si souvent nous l’adaptons à nos besoins, nous ne la maitrisons jamais totalement.
Les solutions proposées aujourd’hui, même les plus extrêmes, interrogent rarement le modèle, et se contentent de corrections marginales.
La solution est donc à rechercher dans l’intégration écologique de nos modèles : non pas mettre un peu d’écologie dans un système, mais intégrer le système dans l’écologie. C’est donc un regard résolument neuf et tourné vers l’avenir, qui permettra de créer les nouveaux outils dont nous avons besoin. Cela ne signifie pas abandonner la technologie et les progrès passés, bien au contraire, mais de les sublimer en les rendant compatibles avec les systèmes vivants. Commençons par quitter nos oripeaux d’ancien régime qui nous empêchent d’avoir l’imagination nécessaire. L’innovation d’Œtopia sera avant tout sociale, car c’est en repensant nos organisations et leur gouvernance que le chemin s’ouvrira. Les castes et les dogmes infestent beaucoup trop les institutions de l’ancien régime pour qu’il soit possible d’avancer. Décroissance et croissance verte en sont les parfaits exemples : des outils au service d’intérêts particuliers, qu’ils soient écologiques ou financiers.
En s’inspirant du fonctionnement des écosystèmes pour son organisation, Œtopia veut retrouver une dynamique positive qui débouchera fort logiquement sur les nouveaux modèles et les nouveaux outils recherchés : économie de fonctionnalité, économie circulaire, bio-inspiration, biomimétisme, intelligence collective… Les modèles économiques s’adapteront si nous commençons par changer notre regard sur l’avenir, sans chercher à reconstituer le passé. La révolution commence ainsi par une attitude culturelle et psychologique, qui laissera la décroissance et l’économie verte en arrière pour créer l’économie vivante intégrée dans les écosystèmes.
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